Se Préparer à Pâques - Église Protestante Baptiste de Faremoutiers

Église Protestante Baptiste
de Faremoutiers
Église Protestante Baptiste
de Faremoutiers
Aller au contenu
Se préparer à Pâques
On ne peut pas lire la dernière partie de Luc 19, sans penser à ce qui va se passer une semaine plus tard ! Une foule en liesse acclamant « le roi qui vient au nom du Seigneur » (v.38) se transforme en une foule hystérique le jour de la Pâque criant « crucifie-le ! ».

Le caractère versatile d’une foule est assez tragique. Nous l’avons déjà rencontré dans le livre des Actes, dans la mésaventure de Paul et Barnabas à Lystre ! Nos frères et sœurs de la Porte Ouverte de Mulhouse le vivent actuellement durement. Cette Église est connue pour être très investie dans la cité. Et jusqu’à récemment, elle jouissait plus tôt d’une bonne réputation dans son quartier. Mais dans les moments tragiques, les bonnes œuvres du passé sont vite balayées.

Il y a bien sûr dans les évènements de Jérusalem un caractère unique et solennel qui rend la situation encore plus dramatique ! Jésus avait accompli de nombreux signes (guérisons, miracles) qui devaient permettre de l’identifier au Messie. Son arrivée sur un ânon ce dimanche des Rameaux, si elle était caractéristique de l’humilité de Jésus, n’en signifiait pas moins qu’il se présentait comme le roi attendu. C’était un des signes annoncés du descendant de David. À partir de Salomon, les rois se sont en effet présentés montés sur un cheval à leur peuple, symbole de la puissance militaire. Mais Zacharie avait prophétisé que le messie serait monté sur un ânon, se présentant ainsi comme héritier de David (Zacharie 9.9). Les disciples ne s’y trompent pas en acclamant « le roi qui vient au nom du Seigneur », slogan repris ensuite par la foule (Matthieu 21.8-11).

Mais Jésus n’est pas dupe. Il sait déjà que Jérusalem n’a pas su reconnaître l’intervention de Dieu, et la paix qui lui était offerte. Ce qui se passe au temple y est pour beaucoup ! La maison de prière est devenue une caverne de voleurs : comment dès lors pouvait-elle reconnaître l’intervention de Dieu ?

La Bible nous met en garde à plusieurs reprises. Si nous ne préparons pas nos cœurs à l’intervention de Dieu, nous aussi nous risquons de ne pas reconnaître son action dans notre vie. Que cette semaine de préparation à Pâques nous aide à ne pas passer à côté de l’essentiel. Qu’elle nous aide à discerner ce que Dieu accomplit aujourd’hui encore aussi bien dans le monde que dans nos propres existences.

Le chapitre 20 nous décrit une lutte de haut vol pendant cette dernière semaine entre les autorités religieuses et Jésus.
D’un côté, les responsables religieux cherchent à piéger Jésus pour le mettre en défaut et pour pouvoir le traduire devant un tribunal romain. Et à chaque fois, Jésus s’en sort de manière incroyable et Il ne donne aucune prise à ses accusateurs.

Mais de l’autre côté, Jésus n’arrange pas vraiment sa situation avec les autorités religieuses. Il n’en rate pas une pour dénoncer leur hypocrisie ou leur hostilité vis-à-vis de Dieu. Jésus se montre plus avisé et plus sage que n’importe quel maitre de la Loi ; mais il fonce irrémédiablement vers la croix en ne faisant preuve d’aucun ménagement politique.

Cette passe d’armes est tout à fait étonnante. L’autorité absolue de Dieu est venue confronter l’autorité humaine de son temps. Elle la dépasse en puissance et en sagesse, mais ne la renverse pas pour autant. L’autorité divine démontre que l’autorité humaine n’est que déléguée, mais elle ne reprend pas, ce qu’elle lui a donné.

L’épisode de l’impôt illustre parfaitement cette contradiction.
En posant la question de la légitimité de l’impôt, le piège semble se refermer sur Jésus. Si Jésus répond qu’il faut payer l’impôt à César, il reconnaît la légitimité du pouvoir romain sur la Judée, ce qui le met en porte à faux vis-à-vis du peuple, opprimé de bien des manières par la présence de l’occupant romain. Mais s’il s’oppose au paiement, il peut alors être accusé de sédition vis-à-vis de Rome et donc être traîné devant les tribunaux de son temps. Pour un homme politique en campagne, quelle que soit la réponse, elle ne peut être que mauvaise !

Sauf que Jésus n’est pas un habile politicien, mais un détecteur des motivations du cœur.
J’ai toujours été ébahi devant cette réponse : « rendre à César ce qui appartient à césar et à Dieu ce qui appartient à Dieu ». Jésus reconnaît une autorité déléguée à l'Empire romain (il faut lui payer l'impôt). Mais il ne la légitime pas pour autant : une autre la surpasse (rendre à Dieu ce qui lui appartient). Et Jésus s'applique à lui-même ces prérogatives. Pendant son temps sur terre, Jésus se soumet aux autorités que son Père a établies sur ce monde, ce qui le conduit à la croix ! Mais cela ne signifie en rien que l’autorité de Dieu est amoindrie. C’est à lui en définitive qu'il faudra rendre des comptes !

C’est parce qu’il puisait son autorité dans son identité, que Jésus ne s’est pas laissé embarquer par toutes ces controverses. La croix en définitive affirme cette manière unique d’exercer son autorité. C’est ainsi que le percevait Jésus « Dieu m’aime, parce que je donne ma vie. Personne ne me la prend, mais je la donne volontairement ! » (Jean 10.17-18).
Que Pâques renforce notre identité : nous sommes pleinement aimés de Dieu.
Que Pâques nous place dans les pas de notre Seigneur : en rendant à Dieu ce qui lui appartient, je prends part à son règne ! Je rends gloire au roi véritable !



Un des fils conducteurs des évènements de cette dernière semaine, c’est le rôle joué par le temple ! À son arrivée à Jérusalem acclamé comme le roi attendu, Jésus se rend au temple pour le purifier. Ensuite, il passe sa dernière semaine à enseigner dans le temple. Enfin, son dernier discours commence en annonçant la destruction du temple, fierté de tout un peuple (21.5).

Pour les juifs à qui Jésus s’adressait, il était impensable que Dieu puisse abandonner son temple à la destruction. Et si cela devait arriver, cela ne pouvait signifier qu’une seule chose : la fin des temps. C’est ainsi que le dernier discours de Jésus mélange la destruction du temple de Jérusalem qui a eu lieu en 70 (21.20-24) et la fin des temps (21.5-19, 25-27) ! Ces 2 évènements distincts chronologiquement sont les marqueurs d’une même réalité : Dieu ne laisse pas perdurer des contextes, des conditions qui maintiennent l’humanité dans sa révolte contre lui.
Une manière de bien saisir l’enseignement biblique, c’est de considérer le salut comme un fil conducteur de l’action de Dieu, puis de voir que ce plan de salut progresse à cause de la dureté du cœur humain à recevoir ce salut.  La place du temple dans la Bible est typique de cette manière de comprendre les choses. Il est ainsi successivement le lieu qui affirme l’adoration en un seul Dieu en un seul lieu (au temps de David et Salomon). Il est ensuite devenu synonyme d’attachement superficiel à Dieu peu avant la chute de Jérusalem (Jérémie 7). Sa reconstruction au retour d’exil affirme que le plan de salut de Dieu n’est pas pour autant stoppé (Aggée 2), mais le constat c’est finalement qu’un lieu n’est pas suffisant pour demeurer dans l’adoration du Dieu véritable. Les chapitres que nous venons de lire le démontrent douloureusement. Sa destruction définitive par les Romains, en 70, annonce donc bel et bien la fin d’une ère et le commencement d’une nouvelle. Jésus l’avait annoncé pendant son ministère : « L’heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père […] Mais l’heure vient et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité » (Jean 4.22-24).
L’histoire du salut est faite de rupture et de continuité. De continuité, notre Dieu est le même hier, aujourd’hui et demain, ce qu’Il veut c’est notre salut. De rupture, Dieu ne laisse pas perdurer des contextes, des conditions qui maintiennent l’humanité dans sa révolte contre lui. C’est pourquoi l’histoire des hommes est faite de recommencements. Ainsi, des évènements qui ressemblent à la fin des temps arriveront, sans que ce soit la fin (21.9), comme au temps de la destruction du temple.

Dans les temps de grande perplexité comme ceux que nous vivons, les chrétiens ont souvent imaginé être cette dernière génération. C’est une tension qui me semble finalement salutaire pour le peuple de Dieu. Je crois que ces dernières semaines nous aident à être plus vigilants sur les avertissements promulgués par Jésus à la fin de son discours : « prendre garde à soi-même » ; « ne pas s’appesantir sur les excès et les soucis ». Pâques, en point culminant du salut, exprime plus que tout autre cette tension. Par la mort à la croix de notre Sauveur, nous sommes déjà sauvés. Les jugements (ruptures) qui s’abattent sur le monde ne signifient pas notre condamnation. Mais notre plein salut (continuité) est encore à venir. C’est pourquoi Jésus nous appelle à « veiller et prier, afin d’échapper à toutes ces choses qui arriveront et de nous tenir debout devant notre Seigneur » (36).
La veille de la mort de Jésus, on peut dire que les choses s’accélèrent. En quelques heures, trahison, reniement, arrestation, jugement, torture se succèdent. La tension est à son comble. Jésus est venu pour vivre ces dernières heures (Jean 12.27), mais dans son humanité cela ne l’empêche pas de vivre la peur (42-46).

Ah l’angoisse et la peur, c’est un sentiment que nous connaissons bien ! Personne n’y échappe. D’un certain côté, elle est utile. C’est parce que j’ai peur de me brûler que je ne mets pas la main dans le feu. Mais d’un autre côté, elle peut devenir paralysante, ou m’amener à des gestes irréfléchis. Si ce sentiment nous parait bien humain, je ne m’attendrais pas à le rencontrer chez Jésus ! Lui qui a si souvent encouragé les siens à ne pas avoir peur (Matthieu 14.27, Matthieu 17.7), à ne s’inquiéter de rien (Matthieu 6.31-32) se montre-t-il soudain incapable de s’appliquer ses propres conseils ?

Dans son humanité, il semble bien que le corps de Jésus ne réponde plus. Luc nous dit que « des grumeaux de sang tombaient par terre ! » (44) Mais qu’en était-il de son cœur ?  Dans ce moment tragique était-il confronté au manque de confiance en Dieu ?

Nous avons là un exemple de ce que cela signifie, que Dieu est venu partager notre humanité. En se faisant homme, Jésus a connu un des sentiments les plus terribles de notre humanité : l’angoisse ! Mais toute la suite du récit nous montre que ce terrible sentiment n’a, en rien, altéré sa confiance en Dieu. Il a déposé ce terrible sentiment entre les mains de Dieu, pour ne pas en faire un obstacle à sa mission. C’est toute la puissance, lorsqu’elles sont prononcées avec foi, de ces paroles « toutefois, que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne » (42)  ! On a en fait un exemple d'une prière de foi, où la demande n’est pas exaucée. Jésus va mourir sur la croix et cette coupe ne lui sera pas épargnée, sans pour autant que sa confiance en Dieu soit mise à mal !

Que garder de ce passage concernant la gestion de nos peurs ?
N’ayons pas peur de nos peurs ! La peur est un indicateur qu’il se passe quelque chose d’anormal, que nous sommes confrontés au mal. Le problème n’est pas la peur, mais ce que nous allons en faire !
 
Venons à Dieu avec nos peurs ! Déposons nos craintes et nos angoisses entre ses mains. Et si la confiance n’est pas facile, demandons-la. Passons du temps dans la présence de Dieu, ce sera le plus sûr rempart pour ne pas succomber à la tentation de nos peurs (46) !

À la suite de notre Seigneur, dans cette semaine de Pâques, dirigeons notre peur pour qu’elle ressemble à la sienne. La seule situation qui a provoqué la peur chez notre Seigneur fut la perspective de la séparation avec son Père sur la croix, au moment où il aurait à supporter le poids de nos fautes. Paradoxalement, le secret pour vaincre nos peurs réside dans une autre peur... Craignons de « mener notre vie loin de la présence de notre Père ! » Si c’est cela notre plus grande préoccupation, soyons assurés que les nombreuses promesses de Jésus nous protègeront de nos peurs illégitimes : « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr l’âme et le corps dans la géhenne » (Matthieu 10.28)
 
2 hommes cloués sur la croix avec Jésus, 2 regards opposés sur ce qui est en train de se passer, sur la toute-puissance et la souveraineté de Dieu.

Le premier ressemble à la plupart des hommes et des femmes que nous avons rencontré ces derniers chapitres. Jésus les a impressionnés, pendant toute sa vie, par ses miracles, par l’autorité de ses paroles. Mais maintenant qu’il est réduit au rang d’un condamné à mort, il semble bien insignifiant et ses affirmations se retournent contre lui. Elles sont sujettes à la raillerie : « sauve-toi toi-même, si tu es le roi des Juifs » (37), « sauve-toi toi-même et sauve-nous, si tu es le Christ » (39). C’est notre manière humaine d’apprécier la puissance. Si je suis en position de contrôler les choses, je vais agencer les circonstances pour qu’elles me soient favorables. C’est ainsi que nous imaginons que Dieu devrait agir dans nos vies. Quand les choses vont mal qu’Il agisse avec puissance, pour renverser les situations défavorables !

Mais à la croix Dieu apporte une autre réponse. D’ailleurs, la croix ne fut que l’aboutissement de la manière dont Jésus a utilisé "sa puissance divine" pendant son séjour sur terre. Pensez à la tentation dans le désert, où d'ailleurs la même interpellation « si tu es le Fils de Dieu » (Luc 4.3,9), lui fut lancée par le diable. Pensez aux miracles.
Christ n’a jamais utilisé sa toute-puissance pour lui-même.
Là où l’homme s’attendrait à une toute-puissance à usage égocentrique, Christ répond par une puissance au service de l’autre. À la croix, Jésus n’a pas cherché à se sauver lui-même. Il n’est pas descendu de la croix, pour démontrer qui il était. Bien que Fils de Dieu, il y est resté cloué, afin que l’homme ouvre les yeux sur son incrédulité, et qu’il choisisse une vie pleine de puissance dans la pleine dépendance à Dieu.

Le second malfaiteur, au moment de la crucifixion, ne perçoit bien entendu pas tout ce qui est en train de se jouer. Mais à ce moment-là de l’histoire du salut et de sa propre histoire, il voit l’essentiel. En regardant l’homme crucifié à côté de lui, la première chose qu’il perçoit, c’est son propre péché : « nous recevons ce qu’ont mérité nos crimes » (41a). La seconde c’est la sainteté parfaite de celui qui est pourtant condamné avec lui : « mais celui-ci n’a rien fait de mal. » (41b).
Et c’est ainsi que de manière incroyable, ce malfaiteur sera le seul à entrapercevoir ce jour-là la puissance de Dieu à l'oeuvre. Malgré les moqueries, il voit en la croix l'intronisation d'un roi, et prononce ces paroles pleines de foi : « souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton règne ! » (42).

Merci Seigneur, parce que tu n'es pas descendu de la croix. Merci Seigneur, parce que tu offres ton salut à quiconque, qui en te voyant, se repent d’un cœur sincère : « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis ! » (43)
Après la mort de Jésus, le texte de l’évangile de Luc mentionne sobrement que ceux qui avaient assisté à la crucifixion se reposèrent le jour du sabbat. Je vous propose donc de nous mettre dans la peau de disciples qui pendant ce jour de sabbat se seraient penchés dans les Écritures, pour essayer d’y trouver un peu de réconfort !

Alors, imaginez qu’au cours de ce jour de sabbat nous nous mettions à lire Esaïe 53.
Imaginez notre surprise, notre réaction en lisant notamment les versets 5 et 6 : « Cependant, ce sont nos souffrances qu’il a portées, C’est de nos douleurs qu’il s’est chargé ; Et nous l’avons considéré comme puni, frappé de Dieu, et humilié. »
Comme un flash, nous revoyons alors la scène de la crucifixion. Nous entendons à nouveau les moqueries de la foule devant la croix « si tu es le Fils de Dieu, sauve-toi toi-même » et maintenant nous voyons les coulisses s’ouvrir devant nos yeux.
Comme dans le scénario d’un film à suspens, avec le dénouement s’éclairent tous les moments restés inachevés. L’affirmation du  prophète est vraiment incroyable. On dirait qu’il était spectateur de la crucifixion, parmi cette foule moqueuse, et qu’il analyse les évènements par après, le cœur repentant !
Quand on pense qu’il a écrit ces mots plus de 700 ans avant les évènements…

J’imagine notre cœur vibrer. Je nous imagine dévorer les mots du prophète « semblable à un agneau que l’on mène à la boucherie » et puis l’explication « il a plu à Dieu de livrer sa vie en sacrifice pour le péché »… et enfin l’espoir : « il verra une postérité et prolongera ses jours ! »

Dieu avait préparé son peuple à ce qu’il allait accomplir. Les Écritures le renfermaient. Mais Il n’a trouvé personne aux jours de la résurrection pour comprendre ce qui était en train de se passer. C’est d’ailleurs ce qu’il reprochera le lendemain aux disciples d’Emmaüs. Non pas qu’ils ne l’aient pas reconnu, mais qu’ils n’aient pas cru ce qu’avaient dit les prophètes (24.25).

Qu’en est-il de ma lecture de la Parole ? Est-ce qu’elle est ma boussole pour ma vie ? Est-ce que je continue d’y chercher la révélation du ressuscité ? Il est bien possible que ce livre vieux de plus de 2000 ans renferme les fondations les plus importantes pour comprendre notre monde d'aujourd’hui ! Je prie pour que nous trouvions les moyens de continuer à la méditer avec autant d'appétit, quand le confinement ne sera plus d’actualité !

© ÉGLISE PROTESTANTE BAPTISTE
DE FAREMOUTIERS
4 rue Georges Faroy
77515 Faremoutiers



Retourner au contenu